blog de François Coupry

Vilaines Pensées 121  :
Même pas peur des clowns !

V

Il était une fois un pays exotique, et grand de par sa superficie et son armée, qui, de façon fort civile, mais peut-être pas civilisée, avait élu, de manière fort démocratique, un roi à la mèche rose.
Ce roi faisait rire. Avait-il été choisi pour cela ? Oui.
On peut prendre comme roi des sages, des savants, des ivrognes, des menteurs, des amoureux, des pauvres ou même des riches, c’est de bon usage et de bonnes mœurs, on peut même avoir des reines, c’est le plus chic et signe d’avenir, mais élire un tonitruant homme d’affaire à la cravate trop rouge et qui dit n’importe quoi, sous prétexte qu’il nous fait rigoler et qu’il nous change les habitudes, voilà qui surprit les autres gouvernements humains, coutumiers du sérieux, des responsabilités, de la respectabilité et des cravates qui ne traînent pas par terre.
Pourtant, les historiens les moins ignares nous rappelèrent que ce cas de figure, un roi qui serait son propre bouffon, est classique. Et de nous citer cet Empereur romain qui fit siéger son cheval au Sénat, ce qui n’empêcha pas le monde de tourner. Mais c’était en des temps barbares, et en notre temps, sans doute tout autant barbare, ce roitelet à la mèche rose ne prit cependant point son âne comme ministre, alors de quoi se plaint-on ?
Toutefois, dès son arrivée au pouvoir, il signa des décisions dont pourtant il avait prévenu ses électeurs mais qui offusquèrent l’apparente morale politique internationale : érection de murs contre les sauvages, interdiction de libres circulations, mise au ban de médias forcément corrompus, prééminence totale de la rentabilité industrielle sur les soucis écologiques, et autre effets de grosses caisses et coups de cymbales.
Ce roi faisait toujours rire, mais les innombrables rieurs s’esclaffaient en cachette, sous les édredons, en famille, derrière leurs vaches, loin des caméras, car des manifestations pour le retour à la raison grossissaient sur les larges rues, et de l’Europe jusqu’en Chine on se demandait : quelles guerres, quels déséquilibres, quels nouveaux désordres en un monde déjà désordonné, ce lapin crétin ira-t-il provoquer ou accentuer ?
Le rire est le propre de l’homme, disait une mésange. — Mais faut-il, par dépit, haine des puissants, mépris des élites, dégoût de l’humanité, aller jusqu’au bout et ainsi prouver que les gouvernants du monde, quels qu’ils soient, ne sont que des clowns sans importance ? lui répondit un pinson.
Car, bien sûr, ces rodomontades ne furent que poudres aux yeux, valises sans fond d’où sortent des colombes, feux d’artifice, le spectacle continue.

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