blog de François Coupry

Mes dernières Vilaines Pensées

Vilaines Pensées 230 : Les surprises de l’avenir

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Il y a dix ans, en 2075, je rencontrai Emma Lena dans les beaux jardins de palmiers et de mimosas qui remplaçaient les tours de Hong Kong et elle me raconta sa rencontre avec les dirigeants des pays les plus riches en 2019 sur un îlot du Pacifique. M. Piano aurait dû y assister, mais il était exilé au dix-huitième siècle, on le sait. Le thème de cette conférence secrète fut pathétique : comment supprimer au moins la moitié de cette population humaine qui pollue la Terre, avant qu’il ne soit trop tard, les précautions écologiques envisagées ne pouvant suffire pour sauver la flore et la faune ? Emma Lena me développa les hypothèses émises à l’époque. Les complexités accentuées de l’informatique, ainsi que la profusion des mots de passe, rendront fous les vieux de plus soixante ans, ce qui...

Vilaines Pensées 229 : Rapport pour une académie

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Éminents membres de l’académie des mammifères terrestres, madame la girafe présidente, vous m’avez fait l’honneur de me demander, à moi le chien Tengo-san, ayant beaucoup vécu, un récit de mes voyages dans les autres dimensions avec l’âne astrophysicien, von Picotin. Mais vous me priez de vous raconter cela en langue humaine, soit-disant universelle : en suis-je capable ? J’en doute. Car le langage des humains, en vérité, est pauvre, étroit, raisonnable, et les univers parallèles si extraordinaires. Par exemple, ayant atteint, grâce aux fameux trous rouges, un monde que je nommerai X, l’honnêteté me contraint à vous donner, pour être exact, la description suivante d’un certain paysage : « érables le bordé par était lac des », ce qui transcrit mon ressenti, mais ne peut être lu que comme...

Vilaines Pensées 228 : Les métamorphoses de Clavecin Piano

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De quelles poches secrètes tirait-il sans cesse ses déguisements et ses masques, c’est-à-dire sa réalité, le petit-fils de M. Piano, notre cher Clavecin ? Voilà l’une de ses journées, parmi tant d’autres : Au réveil, en costume cintré, cheveux ras et barbe longue, il présida le Conseil d’administration de GutVat, la fabrique de confitures héritée du père de sa grand-mère. Rien n’est plus beau que les fortunes transmises. Ayant assuré son capital, il prit un ascenseur vers les sous-sols, et là, avec des cheveux longs, le visage vieux et en gilet rouge, il réunit les ouvrières, les incita à faire grève : les confitures étaient dégueulasses, issues de molles fraises génétiquement modifiées. On l’applaudit, on se révolta, on chanta l’Internationale. Rien n’est plus beau que la trahison, le...

Vilaines Pensées 227 : Un discours fatal

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Hier, M. Piano a prononcé un discours dans une salle de province française. On lui avait conseillé de se taire, il était iconoclaste, transgressait trop, cela n’intéresserait personne. Effectivement, il n’y eut pas grand monde, du moins au début, pour l’écouter, mais cela lui fut fatal. « Nous avons aujourd’hui, commença-t-il, l’obsession de l’harmonie, celle du corps, celle de la société. De vieux médecins, ayant fait leurs études à la fin du siècle dernier, croient encore qu’un déséquilibre du coeur a des répercutions dans les rotules, dans les poumons, jusque sur la couleur des cheveux. La biologie actuelle nous apprend que chaque organe est indépendant, que le foie ignore les problèmes de l’intestin, que l’estomac vit sa vie en dehors des mouvements de la digestion, et que les...

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