Hier, je n’ai jamais autant ri de ma vie.
Je retrouvai mon ami Piano à une réunion secrète des Services Secrets Internationaux, il y avait là tout le gratin, les Russes, les Américains, les Anglais, les Français, les Israéliens, les Turcs, les Saoudiens, les Chinois, et tutti quanti, ils riaient. Le rire est communicatif, n’importe quel ornithorynque le sait : je me doutais un peu que Piano avait un rôle important dans le Renseignement Mondial, mais pourquoi m’avait-on invité, moi sourd d’une oreille et si peu secret ? Je riais aussi, pourquoi ?
Piano, entre deux hoquets de fou rire, et se tapant sur les cuisses, parvint à m’expliquer les déraisonnables raisons du comique de la situation. J’ai déjà parlé de son petit-fils Clavecin, personnage de dessin animé, capable de se relever intact après une chute de mille mètres ou de se transformer en rat sans sourciller, eh bien c’est lui qui joua le rôle de Kim-de-Corée-du-Nord lors de sa rencontre à Singapour-city avec Trumpi-Trumpo, l’Amerloque-à-la-mèche-jaune. Car le gros Kim, à la coiffure autant idiote, rasée sur le côté, n’existe pas, son Etat voisin de la Chine ne fournissant que des copies impeccables du Chef, maquillées, de vrais faux.
Et les Services Secrets rigolaient, imaginez la tête de l’opinion publique quand on saura que Trumpi-Trumpo s’est fait berner par un acteur. Mais les Services Secrets rigolaient encore plus : en fait, Trumpi-Trumpo n’existe pas, lui non plus, il faut être innocent pour croire qu’un tel Président puisse être vraisemblable, même en Amérique, c’est également un acteur qui joue ce rôle outré d’un commerçant roublard. En somme, imaginez la tête de l’opinion publique, ces cons, quand on saura que cette rencontre capitale pour la paix n’était qu’une poignée de main entre deux clowns.
On se marrait, en cette catacombe secrète où nous nous réunissions. Les Services Secrets, sous terre ou sur les réseaux informatiques intimes, codés, agissent dans les coulisses du théâtre de la vie, tirent les ficelles des marionnettes d’un monde où tout n’est qu’une farce.
Pourquoi assistai-je à cette rigolade ? Sinon pour ensuite écrire cette chronique, qui serait elle aussi un mensonge ? Et Piano était-il dupe ? Comprenait-il que l’on se servait également de lui, pour légitimer les pièges des informations ? La Vérité n’existe pas, pas plus qu’un faux Kim-Clavecin ou qu’un Trumpi-Trumpo d’opérette, mais j’espère que cette véridique fiction ne va pas s’autodétruire, par précaution, dès que vous l’aurez lue, pauvres gens qui ne savent rien du réel.
Vilaines Pensées 174 : A quoi servent les Services Secrets ?
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