blog de François Coupry

Vilaines Pensées 177 : La politique quantique

V

Le jeune Président voulait des jeunes à ses côtés, c’était sa gloire et son drame. Je ne sais à la suite de quel micmac, M. Piano fit en sorte que son petit-fils, Clavecin, dont la philosophie prônait l’immaturité et les métamorphoses, soit nommé porte-parole de ce gouvernement.
La première conférence de presse fut catastrophique, devant des journalistes vieux, car un bon journaliste politique se doit d’avoir déjà tout vécu, tout vu, tout connu, des magouilles aux renversements d’alliance, et doit être sans illusion. Lorsque le trop jeune Clavecin annonça que la ligne politique de ce gouvernement était banalement de diminuer le nombre excessif des chômeurs, la majorité des ancêtres qui notaient ses réponses lui demanda pourquoi la ligne politique de ce gouvernement n’était pas, certes banalement, de diminuer le nombre excessif des chômeurs !
Notre Clavecin pensa qu’il s’était mal exprimé. Il se dit aussi que, la plupart du temps, les adultes de plus de vingt-cinq ans ne comprenaient pas un mot de ce qu’il racontait, comme s’il parlait une autre langue, ou comme si sa voix ne portait pas, ou comme si ses interlocuteurs étaient aussi sourds que des vieux pots. Et pourtant il s’efforçait à articuler.
Le lendemain, la catastrophe fut à son comble : après avoir tout simplement annoncé que le Président allait rencontrer la chancelière Merkel, dans les minutes qui suivirent, sur les chaînes d’information continue où les pensées vont plus vite que des coliques le porte-parole apprit que la France allait sans doute déclarer la guerre à Allemagne !
Alors, notre jeune ami ouvrit son cœur et livra ses angoisses à son Employeur Suprême. Qui lui répliqua entre deux portes : « Pas de souci, continuez à communiquer, vous êtes parfait, mon petit ». Le petit-fils de Piano s’ouvrit ensuite à moi, et je pus retrouver les accents paradoxaux de son grand-père : « Les commentateurs politiques ont trop écouté de mensonges, lui dis-je, ils ne se fient qu’à leur propre vision des choses et croient décider eux-mêmes de la réalité. Étonne-les, Clavecin ».
Le lendemain, ayant potassé la physique quantique, c’est costumé en singe que notre amateur de BD proclama : « Notre politique est un tissu formé de boucles qui, à des distances courtes, forment une mousse instable où l’espace continu cesse d’exister, c’est mathématiquement évident ».
Aussitôt, ne voulant point admettre qu’ils n’avaient rien compris, subjugués par tant de science neuve les médiateurs louèrent la politique du gouvernement. Et les États du Monde applaudirent, à part la Chine qui aurait préféré voir l’avenir défini non par un singe mais par un panda.

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