Cette révolution dans l’Histoire de l’humanité commença le jour où le professeur Santiago Ben Jonhson, éminent mathématicien, s’insurgea contre le racisme, en direct dans une émission de télévision. Pour conclure sa démonstration sur l’égalité et le respect de l’autre, il assena maladroitement : Ce que je dis est aussi irréfutable que 2 + 2 = 6. Le monde entier rigola de réseaux en réseaux, et regretta cette faute qui ruinait sa belle péroraison. Quand Ben Jonhson s’aperçut de ce lapsus, il en chercha les causes dans son enfance, où sa mère mettait régulièrement quatre couverts quand on était six, mais qu’importe, il s’était publiquement discrédité. Alors, dans l’angoisse des sueurs froides, il décida, pour se sauver, de se donner raison. Et publia sa célèbre thèse où il démontrait que...
Vilaines Pensées 183 : Fier de devenir minuscule ?
Il y eut, ces années-là, sur la planète, une grande et neuve interrogation sur l’avenir de l’être humain. Qui semblait bien compromis. Hildegarde Berg se comptait parmi les partisans d’une diminution de la taille ordinaire de l’humanité, et des bienfaits que le nanisme apporterait : elle mit son fils Arturo en pot dès sa naissance, lui ligatura les membres, freina sa croissance, comme l’on fait au Japon avec certains arbustes. Si bien qu’à quinze ans, le jeune garçon, qui n’avait jamais entendu parler d’un père, mesurait soixante centimètres, seule sa tête s’était développée, et fier d’être extraordinaire malgré ses souffrances il pensait avec sagesse. Une publicité internationale s’agitait autour du gamin, et bientôt de multiples adeptes l’imitèrent. Alors Hildegarde lui tint ce langage...
Vilaines Pensées 182 : L’artificiel, le naturel et le jardinier
Nous l’avons tous éprouvé, rien n’est plus fatiguant qu’un jardin : il faut se baisser, bêcher, ratisser, planter, arroser, mais dès que l’on a enfin taillé un ensemble correct, les splendides roses se fanent, les herbes repoussent, les feuilles tombent, il faut recommencer, la nature est épouvantable. Et rares, éphémères, sont les moments où le jardin est parfait, lumineux de couleurs, d’harmonie, de fraîcheur. Mais, comme par hasard, personne ne visite alors votre jardin, les amis n’arrivent que lorsque les pétales des fleurs des cerisiers s’envolent aux vents, on est déçu. Près de Shanghai, le jardinier Yu Ti en avait assez de cette précarité, de cette beauté qui ne durait jamais, et de devoir toujours recommencer sans gagner sa vie. Si bien qu’il décida de remplacer les herbes, les...
Vilaines Pensées 181 : Une mort inimaginable
J’apprends à l’instant que M. Piano vient de mourir. Mon ami, mon miroir, mon plus cher camarade de ces Vilaines Pensées, voilà, c’est fini, il n’est plus là, j’ai un vertige de malheur. Je relis ces lignes, et me demande comment j’ai eu le culot de tuer Piano ! Un auteur peut-il éliminer son personnage favori ? C’est absurde, malsain, abusif. On devrait mettre en prison les auteurs qui tuent leur héros : dois-je me rendre au commissariat, avouer mon crime ? Mais non, bien sûr, allons, ce n’est pas vrai. Une phrase poussée à tout hasard ne peut être aussi meurtrière. Toutefois, j’ai un doute. Et vite, pour en avoir le cœur net, je me rends au domicile des Piano. Hélas, c’était vrai. Une phrase tue aussi bien qu’un coup de couteau : chez les Piano, c’était la désolation, mon ami reposait...