blog de François Coupry

Vilaines Pensées 180 : La tête dans le sac (2)

V

J’ai raconté l’autre jour que j’avais mis dans un sac la tête coupée de la défunte Présidente du Conseil italien : un de ces actes stupides que nous commettons et que l’on doit par la suite raisonnablement légitimer, afin de lui donner cet éternel sens que réclame l’humanité.
Certes, j’avais des excuses, la morte s’était réveillée, brisait son cercueil, la police tirait, déracinait ses membres, mais pourquoi avais-je récupéré sa tête ? D’autant plus que son visage, dans le sac, prenait l’apparence de divers dirigeants actuels, Trump, Erdogan, et maintenant Xi Jinping !
Me balader avec la tête coupée du Président chinois pouvait avoir de lourdes conséquences pour ma vie, ma mort, et n’importe quel imbécile se serait vite débarrassé de ce fardeau qui ne pourrait que le culpabiliser. Mais je ne suis pas un imbécile, et me sentais au fond assez innocent. Cependant je m’informais quotidiennement de la vie politique chinoise et vérifiais sur Internet si Xi était toujours vivant. Alors, voyageant avec ce sac, quand dans les aéroports on me demandait son contenu je répondais : La tête du Président chinois. Et les douaniers rigolaient, la bonne farce !
En fait, comme on dit aujourd’hui à tout bout de champ, j’avais une idée derrière la tête, la mienne, une idée qui rendrait rationnelles ces absurdités : pensant que cette tête n’était que l’image, la représentation ou le rêve de Xi, et sachant que seuls les reflets disent une vérité, je l’interrogeais : La Chine sera bientôt la première puissance de la planète Terre, que va-t-il se passer ? Mais, chaque fois, la tête coupée me répétait : Je n’en sais rien. Si elle m’avait informé, j’aurais pu devenir celui qui partage le secret de l’avenir du monde. Et rembourser mes dettes.
Finalement, incapable de trouver une cause légitime à mes actes, j’allais jeter ce sac, mais lorsqu’il s’ouvrit dans la poubelle je vis soudain que la tête avait maintenant les traits et les yeux de ma mère. Aussitôt je lui demandai : Pourquoi m’as-tu mis au monde, dans le passé ? Je ne sais pas, répondit-elle. Comment jeter à la poubelle la tête de sa mère ? Je continuais à voyager, portant ce sac qui heurtait mes mouvements.
Ceci n’est pas un cauchemar, rien que la réalité. Mais si vous découvrez la signification de cette fable, cela prouvera que vous êtes bel et bien un être humain, désireux de trouver une logique à n’importe quoi.

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