blog de François Coupry

Vilaines Pensées 184 : Les bienfaits des erreurs humaines

V

Cette révolution dans l’Histoire de l’humanité commença le jour où le professeur Santiago Ben Jonhson, éminent mathématicien, s’insurgea contre le racisme, en direct dans une émission de télévision. Pour conclure sa démonstration sur l’égalité et le respect de l’autre, il assena maladroitement : Ce que je dis est aussi irréfutable que 2 + 2 = 6.
Le monde entier rigola de réseaux en réseaux, et regretta cette faute qui ruinait sa belle péroraison. Quand Ben Jonhson s’aperçut de ce lapsus, il en chercha les causes dans son enfance, où sa mère mettait régulièrement quatre couverts quand on était six, mais qu’importe, il s’était publiquement discrédité. Alors, dans l’angoisse des sueurs froides, il décida, pour se sauver, de se donner raison. Et publia sa célèbre thèse où il démontrait que, contrairement aux idées admises depuis le début des mathématiques, deux et deux faisaient réellement six, mais son argumentation était si compliquée que personne ne devait en déchiffrer les équations.
Personne ? Non. Un groupe de mathématiciens rêveurs tenta l’expérience de la remise en question de la plus élémentaire des opérations, l’addition, en posant la possibilité de variantes, d’un système aléatoire, négligeant la rigueur ordinaire des mathématiques appliquées.
Or, il advint qu’un engin spatial, dont le calcul des trajectoires admettait ces variations, atteignit la planète Mars en moins de temps que celui prévu par les anciens paramètres gardés néanmoins comme plans de secours.
Puis, il advint que l’on redéfinit les statistiques économiques avec le principe insolite de 2 + 2 = 12, et que du coup le nombre des emplois vacants augmenta, et que, par effet d’entrainement, les finances se portèrent mieux, chaque entrepreneur embauchant, se figurant que tout allait mieux.
Puis, il advint qu’avec ce même principe, davantage adapté sembla-t-il aux impondérables de l’univers, on recalcula à la hausse le total des espèces pas encore disparues : un nombre considérable d’animaux se remit à prospérer dans les bois, rassurés par ces prévisions réconfortantes.
Ainsi, grâce au lapsus de ce pauvre professeur Santiago Ben Jonhson, mort de honte depuis longtemps, un bonheur s’instaura sur la Terre. Ainsi est-il prouvé que la fiction crée la vie, on le savait, mais surtout que ce ne sont que des erreurs, celles des premiers scientifiques puis celle de l’ami Santiago, qui nous font comprendre peu à peu la réalité du cosmos.

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