blog de François Coupry

Archivesdécembre 2018

Vilaines Pensées 190 : Et Brecht, aujourd’hui ?

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Il n’y a pas très longtemps, c’était une seule et même personne – que nous avions surnommée par dérision Shakespeare – qui écrivait les discours du Président et les réponses critiques, violentes, des syndicats, des partis d’opposition. Je ne sais si ces pratiques ont changé, mais au moins les choses, alors, étaient claires, admises, programmées, sans surprise. Chacun dans son rôle – car c’était bien d’un théâtre qu’il s’agissait ; et l’on admettait mal l’improvisation. Les choses ont pu changer, on parle maintenant de sincérité, mais pour l’heure je ne vois pas la différence. C’est toujours d’un théâtre qu’il s’agit, un vieux théâtre classique – aristotélicien disait le camarade Brecht – qui prône sur scène l’imitation du réel et surtout l’identification...

Vilaines Pensées 189 : La cavalcade des malentendus

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Je suis malheureux : tels sont les mots que j’ai prononcés l’autre jour devant mon téléphone qui prend aussi les images. Il faut croire que j’avais une figure triste et adéquate, car ma tête et ma phrase ont fait, de réseaux en réseaux, le tour du pays. Depuis, je suis dépassé par les événements. Des tas de gens qui n’arrivaient pas à payer leurs dettes se sont identifiés à moi, et mon image est devenue un symbole, un drapeau, lors des nombreuses manifestations qui ont bloqué à moitié le pays. Dès le deuxième jour, j’étais pris dans un engrenage, je ne pouvais légitiment plus expliquer que si j’étais malheureux, ce n’étais pas uniquement parce que je n’étais pas riche, ou parce que mon emploi était menacé, mais surtout parce que Prescillia venait de me quitter, m’abandonnait pour bien...

Vilaines Pensées 188 : L’Histoire est un oubli permanent

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Depuis quelques jours, ici, maintenant, on s’affole des gestes de quelques gilets jaunes qui osent, ces bougres, crier leur détresse, leur angoisse de ne pas avoir assez d’argent. On s’émeut à juste titre. Bon. Mais les voix des raconteurs, les multiples experts, nous ont bassinés sur les médias et réseaux sociaux triomphants avec l’originalité de ces mouvements anarchiques, inorganisés : ce serait inédit, neuf, symbole d’un changement d’esprit. On a oublié les révoltes d’antan, tout autant inorganisées, qui réclamaient du pain aux rois. On oublie que les encadrements politiques, syndicaux, sont bien plus récents que ces cris spontanés qui purent, aussi, autrefois, avoir gain de cause. On croit bêtement que notre époque est inventive, quand elle ne fait que ressasser des agissements et...

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