blog de François Coupry

Archivesjanvier 2019

Vilaines Pensées 194 : L’aigle de Xi (1)

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Épuisé d’écouter des experts analyser, minute après minute, sur les chaînes d’information sempiternelle, la couleur des gilets de vieux râleurs, M. Piano se rendit en Chine, avec sa famille, son épouse, sa fille, son petit-fils, à l’invitation de l’aigle de Xi Jinping. Et cet aigle, aux yeux verts et immobiles qui perçaient les autres regards, leur dit : « Bienvenue à la famille Fenouillard moderne, dont l’emblématique parapluie est remplacé par un téléphone portable. Vous vous trouvez devant l’aigle de Xi, mais sachez qu’il y a encore deux mois j’étais un humain, et informaticien. J’ai préféré devenir oiseau, issu des grandes civilisations des dinosaures, fuyant l’arrogance de la culture. Pourquoi ? » Effarée, la famille Piano chercha en vain la réponse. Que leur donna l’aigle, en ce...

Vilaines Pensées 193 : Révolution dans les révolutions ?

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Depuis des milliers d’années, nous manifestons. Régulièrement, nous occupons les chemins, les rues, nous brandissons des fourches ou des hurlements inscrits sur des pancartes, nous lançons des cailloux, des pavés, nous brisons des portes, nous bousculons les gardes, les policiers, ce que nous disons être les signes du Pouvoir. Nous réclamons du pain, la fin de l’esclavage, la liberté, l’équité devant la Loi, nous exigeons la diminution des impôts qui nous saignent. Nous allons, nous crions, nous pillons les réserves de blé, les banques, les opulents magasins, nous luttons contre les riches. Parfois, petit à petit, nous obtenons gain de cause, il y a moins d’esclaves, on a admis que nous étions tous libres, mais nous allons toujours, dressant des barricades, agitant des drapeaux rouges...

Vilaines Pensées 192 : Le Château, en deux versions

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Hier, sur les chaînes d’informations continuelles, j’avais demandé au Président de me recevoir. Ce matin, il m’a prié de venir au Château. Je me suis présenté à l’heure dite, aussitôt les gardes m’ont invité à entrer dans le bureau présidentiel. Je n’ai pas attendu dans les antichambres, je me suis assis directement devant le Président, en tête à tête. Il était charmant, attentif, il prenait des notes, je lui ai raconté ma vie. Il m’a écouté, pourtant ma vie n’a rien d’exceptionnelle, à part l’impression d’être délaissé, avec trop de charges, d’impôts, une famille à nourrir, la crainte du chômage, bref des banalités, j’avais honte de ne pas être extraordinaire, peur de l’ennuyer avec mes histoires quotidiennes. Néanmoins, il parut fort intéressé. Et pour preuve, il me pria de revenir le...

Vilaines Pensées 191 : Le silence des discours

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Je suis descendu de ma montagne, et après les sapins où chantaient les oiseaux j’ai rencontré les villes hautes et riches, peuplées de gens contents qui sentaient le bon goût de la réussite, de l’optimisme, de l’esprit d’entreprise, des fêtes sous les palmiers et le soleil. Je leur ai dit : « Sœurs et frères humains, méfiez-vous ! Brandissant un rêve d’égalité, un peuple blessé, humilié, qui n’arrive plus à payer ses impôts, des classes délaissées, rurales, qui n’ont pas la même élégance que vous, ni la même culture ou la même cuisine, viendront, au nom de Jésus Christ et de Karl Marx, mettre le feu dans vos avenues, répétant pour la millième fois des révoltes ancestrales que vous croyiez caduques, attendez-vous à des renversements, des révolutions, ne croyez plus à un souverain progrès ...

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