blog de François Coupry

Vilaines Pensées 210 : Éloge de la résurrection

V

Mon épouse, Mme Piano, ne souhaitait pas que, pour le première fois, j’ose prendre directement la parole, en ces Vilaines Pensées, rapportant ce que FC, mon ami, me disait la semaine dernière :
« Il y a un événement merveilleux, rayonnant, dont ma religion catholique ne parle plus, et qui pourtant a illuminé mon enfance : la résurrection des morts ! Le Christ, ressuscité Lui-Même, offrirait à tous les cadavres humains ce Corps glorieux et transfiguré dont il a bénéficié après sa mort, et tous ces cadavres gris, verts, se lèveraient de leur tombeau, et iraient, iraient où ? et quand ? et comment ?
« Cette image saisissante a nourri le terrain de tant de récits fantastiques, mais demeure de l’ordre de l’imaginaire, et à part certains scientifiques de haut niveau, qui savent que l’on peut s’attendre à tout, plus personne ne veut y croire, surtout si l’on a reçu une éducation académique, rationnellement correcte et benoitement laïque.
« Finalement, le peuple normal a peur de cette résurrection, trop extraordinaire pour être comprise dans l’apathie actuelle. Mais on doit toutefois y croire un peu dans le secret des idées incorrectes, car pour éviter de subir personnellement un tel bouleversement, sortir de sa tombe en tant que mort-vivant, il devient à la mode de se faire brûler en une crémation qui dispenserait nos chairs pourries et nos squelettes terreux de pouvoir éventuellement se recomposer, marcher, s’envoler, chanter !
« Or, il n’est pas évident que nos cendres, nos os carbonisés, puissent échapper à cette résurrection imposée par une Loi divine ou cosmique. En ce cas, on sera bien embêté d’être si poussiéreux, émietté, quand la perspective d’un Corps glorieux devrait nous enchanter. Cependant, nos restes enfermés dans des urnes étant essentiellement composés du bois brûlé de nos cercueils, où l’on nous a néanmoins fourrés comme si l’on allait être enterré, on pourrait assister à une résurrection des forêts, des arbres, ce qui peut-être sauvera notre planète exsangue. »
Ah ! ce qui va passer pour un délire grandiose, FC me l’a murmuré à l’oreille devant ce bâtiment entre deux autoroutes et surmonté par les ferrailles du métro aérien, un lieu que les Parisiens reconnaîtront, l’Institut médico-légal, d’où partait vers la crémation au Père Lachaise le corps de son petit-fils qui s’était jeté sous un train.

Ajouter votre commentaire

blog de François Coupry

Archives

Articles récents

Commentaires récents

Catégories