blog de François Coupry

Contes d’élections (II)

C

Avec Qfwfq, nous enquêtions donc sur l’élection d’un chef, ou d’une chefesse comme on voudra, dans une ville d’Europe sur la lointaine planète Terre, et nous avions conclu à un système de loterie : nous nous trompions. Car, après de nombreux recoupements, nous avons remarqué qu’il n’y avait que très rarement une fête foraine, avec une roue tournante et s’arrêtant sur un numéro, à proximité des bureaux de vote. Cette hypothèse d’un hasard, il fallait l’éliminer de nos multiples têtes pensantes. De plus, nous nous apercevons vite que n’importe quel Terrestre ne peut jouer, ce qui serait le cas en une loterie : avant d’être élu, l’heureux ou malheureux bénéficiaire du poste doit auparavant, en un temps humain, être candidat, choisi par des instances pour l’heure mystérieuses. Et il nous apparut également que ces instances supérieures choisissaient des êtres terrestres qui souvent n’avaient pas envie d’être candidats. Et aussi, nous avions compris que les Terriens savent que tout ce qu’ils vivent, disent, croient, chuchotent, peut être mis à disposition des autres, étant enregistré par des machines numériques et algorithmiques qu’ils ont eu la bêtise de mettre au monde, et qui empoisonnent l’existence. Or, comme nous l’avons déjà remarqué, les Humains ont cette maladie étrange de délimiter le Bien et le Mal, ces catégories démentielles, en plus de la folie de cette mémoire conservée dans ces machines infernales. Et chaque Terrestre vit avec une trace indélébile dans la catégorie d’un soi-disant Mal : une enfance où il a vu sa mère nue, une soirée où les corps furent ouverts au désir, un coup dans l’oeil d’un ami aujourd’hui aveugle. Or, bientôt nous comprîmes que ces instances mystérieuses choisissaient comme candidats les Terriens qui gardaient le plus grand nombre de ces traces, que n’importe quel ordinateur dévoilerait au moindre clic, comme si elles voulaient pouvoir les menacer d’une révélation, les contraindre. Ainsi chaque candidat va à l’élection comme à l’abattoir, car ils mangent de la viande, ces primitifs. Ils jouent le jeu, puisqu’à défaut d’être une loterie c’est un jeu cruel : ils envisagent le bonheur de leurs concitoyens, la justice, la propreté, la sécurité, tout ce que propose vainement l’Humanité depuis des siècles, les pauvres. Sans y croire, et attendant le cou baissé que tombe le couperet de la révélation venue des amis qui les soutiennent. — Ces extraterrestres deviennent plus subtils dans l’analyse de l’être humain, fit von Picotin. — Oui, mais l’être humain est-il vraiment subtil ? fit philosophiquement Tengo-san. (Traduit par l’aigle de Xi. A suivre.)

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