blog de François Coupry

Contes d’élections (IV)

C

Avec Qfwfq et nos compagnons, nous étions venus sur la planète Terre afin de tenter de saisir comment et pourquoi on élisait des chefesses, des chefs, pour des villes, des villages, en un pays d’Europe, et nous n’y comprenions rien. Non, les humains ne s’ennuient pas à travailler dans le seul but de ne rien faire après, se reposer ensuite, ils sont stupides mais pas à ce point, nous avions été abusés par les dires d’un malin Piano. La preuve, les candidats à ces élections étaient en réalité déjà vieux pour la plupart, les jeunes se désintéressaient de ce monde archaïque qui s’imagine moderne. Et cela nous rappelait le désintérêt de la jeunesse, autrefois, en notre propre civilisation, il y a des milliers d’années. Et la difficulté, pour chaque candidat, à trouver des alliances, s’unir pour gagner, nous rappelait l’impossibilité de s’entendre avec d’autres individus en notre civilisation, il y a des milliers d’années : dès que nous étions plus de deux, nous n’étions jamais d’accord, des brouilles, des querelles, des guerres à perte de vue. Cette civilisation terrestre ressemble terriblement à la nôtre, quand nous avons renoncé, il y a tant de siècles et de siècles. Qfwfq et nous, nous nous en souvenions : ce qui détermina finalement notre renoncement, ce fut un désir inexplicable, un délire d’égalité entre nous, une égalité de droits et de devoirs qui accentua un atroce sentiment général d’indifférence. Et nous avons ainsi jugé inutile de nous épanouir, oui. Maintenant, nous regardons avec ironie d’autres civilisations croire encore en leurs bienveillances, leurs progrès. Et bientôt s’écrouler, abandonner, comme nous voyons aujourd’hui s’écrouler, rendre l’âme, la civilisation de ces Terriens que nous ne pouvons plus comprendre. Nous allons repartir à des années-lumière d’ici, vers notre galaxie, sur la planète Ab(w)dxtg, où tout n’est que moquerie, plaisanterie, fantaisie : les Humains restent trop sérieux, faussement sociaux, compliqués, pour nous. Notre fuite est d’autant plus nécessaire que nous pressentons que nous serons vite pensés comme responsables, bouc-émissaires, transmetteurs de ce Coronavirus Rex qui déstabilise les habitudes et certitudes terrestres. Seuls un chien et un âne nous regarderont partir avec regret, nous les entités multiformes, avec nos nez rouges et nos larges bouches vertes, des clowns tels que nous définiraient les Terriens en leur petit vocabulaire. Seuls un chien, un âne, nos amis, verront s’enfuir un minuscule bateau spatial, loin dans le cosmos. (Traduit par l’aigle de Xi. FIN.)

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