blog de François Coupry

Vilaines Pensées 247 : Paroles de Tengo-san (4)

V

Pour y voir encore mieux, précisons ce que perçoit un chien, mais que ne (subodore ?) ( hume ?) ( conçoit ?) jamais un être humain : en plus des traces d’un passé, d’un futur, nous sautent aux yeux des liens lumineux, des câbles, des chaînes multicolores entre ces êtres. Ce qui fait que nous naviguons, nous les chiens, comme au milieu d’une immense toile d’araignée. Et quand ces braves singes, qui croient dominer le monde, s’agitent, ils sont en réalité tiraillés de gauche à droite, soulevés, baissés, telles des marionnettes, eux qui pourtant revendiquent leur liberté. Mais moi, Tengo-san, chien descendu des montagnes fraîches vers les civilisations d’une Terre rabougrie de chaleur, je suis surtout (attiré ?) (ébahi ?) (déconcerté ?) par l’intérieur du corps de ces fameux humains. Ah ! je suis écoeuré : sur les murs verts d’officines médicales trônent des planches anatomiques censées représenter fidèlement ces intérieurs, mais les emplacements des divers organes, foie, rate, estomac, ne correspondent en rien à ce que, plissant les yeux, moi je vois à travers les peaux. Comme si ces tableaux sur les murs n’étaient que des copies de vieux grimoires.De plus, les principes chimiques qui définissent le fonctionnement de ces organes, et que même un moineau peut lire, inscrits en lettres d’or dans le sang des artères, sont obsolètes, incorrects, pour nous les animaux qui savons regarder et connaissons l’évolution des sciences. Ainsi, la formule qui régit le déséquilibre de certaines molécules, 2NH+No(2)/5)BZ+g-Grd16, semble n’avoir pas encore été découverte par des savants qui s’imaginent pourtant se trouver à la pointe d’un progrès qu’ils ignorent. En somme, le corps humain est victime d’une grave méconnaissance. Et ces pauvres docteurs, mieux préparés aux (péroraisons ?) (chansons?) (trompettes ?) serinées dans les minables médias qu’aux austères lenteurs de la recherche, n’envisagent même pas que, par exemple, cette formule donnerait des armes pour enrayer une pandémie habituelle, prévisible. Si l’humanité n’est pas déjà détruite, elle devrait penser que, tel tout organisme terrestre, elle s’est inconsciemment préparée à résister. Mais que pour cela il lui faudrait mieux utiliser les connaissances, les analyses, les visions, les perceptions animales. Or, elle se fait un honneur romantique à se croire solitaire, éphémère, et à rêver à son anéantissement, afin de se rendre (intéressante ?) (tragique ?) (secourable ?) (vraiment libre ?). Ainsi parlait Tengo-san, chien.

Ajouter votre commentaire

blog de François Coupry

Archives

Articles récents

Commentaires récents

Catégories