blog de François Coupry

Vilaines pensées 248 : Paroles de Tengo-san (5)

V

Moi, chien d’Asie, avec (finesse ?) (vanité ?) (un air de violon ?) j’ai commencé à vous narrer ce que je vois à l’intérieur des corps illuminés de l’être humain. Mais certains animaux y contemplent bien d’autres phénomènes. Par exemple, les langoustes. Qui, parmi les savants issus des singes, pourrait croire qu’elles voient dans les organes humains, comme en dessins animés, s’agiter, se bousculer, s’éterniser les traces du passé ? Dans l’estomac d’Amélie Pacmal, belle inspectrice helvète des impôts, s’excite à longueur de journée, selon les visions d’une langouste amie, l’arrière-arrière-arrière-grand-mère de cette dame, la Chinoise Ti Bouang, qui fit fuir autrefois les Mongols rien qu’en leur montrant ses seins ! Mais peut-on donner du crédit aux discours enflammés d’une langouste ? Beaucoup d’éléphants affirment qu’ils sont les seuls à percevoir, du bout de leur trompe, les extraterrestres verts ou bleus, partout présents sur la planète Terre. Nous les chiens également les regardons, mais jamais à l’intérieur des corps. Il faut dire que nous ne portons pas de trompe. Il faut aussi avouer qu’entre chiens nous ne voyons pas non plus les mêmes choses. Par exemple, les labradors ne discernent qu’un univers idyllique, ensoleillé et rose, où les biches côtoient les lionnes, quand moi l’Akita des neiges nipponnes je n’envisage que des bagarres, noires. Et lorsque je me demande si l’espèce humaine ne saisirait le monde que d’une seule façon, en (hurlant à la lune ?) (mordant comme la mygale ?) je réponds : non. Les singes pensants du Brésil, du Kazakhstan ou du Tchad ne voient pas du même œil, ne respirent pas du même nez. Et ce n’est qu’incompréhension, malentendu, guerres perpétuelles, sous l’illusion mondiale de l’universalité, de la fraternité et d’un soi-disant progrès. Mais… qu’ai-je osé insinuer dans ces dernières lignes ? Les polices de la pensée crient au scandale ! Demain, je le pressens, les ligues de vertu vont m’attraper, à l’aube, me taxant de sale chien et d’odieux rétrograde qui doute que l’espèce humaine soit unique et indivisible. Parce que, sans doute, je suis trop philosophe, et que je tente de chercher, non point la vérité, mais hélas la réalité, je me suis réfugié, par les chemins classiques, chez la famille Piano, au dix-huitième siècle, où l’on saura peut-être m’éviter les cages, les muselières, et admettre ce que je sais de la vie. Ainsi parlait Tengo-san, chien.

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